L'art, la sensibilisation et les outils du changement (Français)
The Redwood (Abi Ajibolade, Kelly Cho, Mary Choy, Julia Colucci, Lucy De Luca, Christina DiGianni, Akilah Downey, Leah Finley, Axile Gerona, Ngasseu Kamga, Catherine May, Mila Perez, Suavae Ricketts, Aphie Thayan), Evan Tapper

L’art, la sensibilisation et les outils du changement: Vidéo
The Redwood, Evan Tapper, 2023Vidéo
[La musique mélodique du piano joue tout au long de la vidéo.]
Description:
La vidéo qui suit présente deux intervenantes en gros plan, sur un fond vert mousse clair. La première est Abi Ajibolade [Ah-bee Ah-jee-ball-ah-day], une africaine/canadienne au teint foncé, directrice exécutive de The Redwood. La seconde est Akilah Downey [Uh-kee-la Dow-nee], une femme noire au teint clair, ex-coordinatrice des bénévoles de The Redwood. Des images et des statistiques liées à leurs entrevues apparaissent sur l'écran à côté d'elles.
Abi Ajibolade, directrice générale, The Redwood :
En 2019, l'appel à propositions est venu de l'Autorité canadienne d'enregistrement Internet, l'ACEI. L’organisation était vraiment enthousiasmé par la proposition et nous nous sommes mis au travail dès juillet en faisant de la planification de projet de programme, en essayant vraiment de recruter toute notre équipe. Nous voulions une plateforme qui soit facilement accessible aux survivant.e.s et qui apporte en quelque sorte le même niveau de programmes que ceux que nous avons au Redwood, en les mettant en ligne et en les rendant accessibles aux survivant.e.s. Le projet devait donc durer une année entière. Nous faisons des tests avec différents groupes de personnes, avec des personnes plus jeunes ayant des capacités différentes.
Akilha Downey, ancienne coordinatrice des bénévoles, The Redwood :
La pandémie de COVID a frappé et le premier confinement en mars 2020 a eu lieu. Il allait y avoir un énorme besoin de soutien pour les femmes et les enfants qui étaient enfermé.e.s dans des maisons avec quelqu'un qui leur faisait du mal et qui ne seraient pas en mesure de chercher du soutien de la même manière que cela aurait pu être le cas traditionnellement. Par exemple, prendre le téléphone et appeler la ligne d'assistance, ce que nous avions traditionnellement encouragé les personnes à faire, n'était peut-être pas une option parce que la personne qui leur faisait du mal, qui était une menace pour eux, était juste là.
Abi Ajibolade :
Normalement. L'une des choses que nous demandons habituellement lorsque nous recevons un appel sur notre ligne de crise est : pouvez-vous parler ? Êtes-vous en sécurité en ce moment ? Et la plupart du temps, ce que nous entendons de la part des femmes, c'est oui. Je veux dire, je viens de dire à ma.mon partenaire que je fais une promenade et que je suis dans un café en train de téléphoner et que ce n'était plus possible.
Akilha Downey :
L'une des choses qui allait être un énorme défi, bien sûr, en avançant une date de lancement, c'est que nous n'étions pas totalement préparés pour ça. Vous savez, nous avons besoin de personnel pour la ligne d'assistance numérique, c'est un outil qui fonctionne 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. Nous avons des conseiller.ères qui travaillent au Redwood et qui s'occupent des lignes téléphoniques. Nous avions des bénévoles qui s'occupaient des lignes téléphoniques. Mais cela allait être un outil entièrement différent en soi. Et donc nous avions besoin de personnel ou de bénévoles pour le soutenir. Et donc, dans le cadre du lancement, pour sensibiliser à cet outil, nous avons fait appel aux médias. Nous avons fait beaucoup de sensibilisation de la communauté.
Abi Ajibolade :
Un groupe d'étudiant.e.s en médecine qui s'appelait COVID-19 women's initiative, nous a contacté à ce moment-là, et nous pensons que tout s'est bien passé. Une trentaine ont été formées le même jour.
Akilha Downey :
Vous savez, nous avons travaillé très assidûment pour que les personnes soient formées dès que possible au conseil et à la réponse à la ligne d'assistance, à la réponse à la crise.
Abi Ajibolade :
Le 8 mai, il a été mis en ligne et est devenu accessible à toute personne qui en avait connaissance et qui voulait nous joindre. D'après notre première évaluation, environ 1 500 personnes nous ont contactés sur la ligne de chat. Des milliers d'autres ont essayé de faire un quiz sur la sécurité et d'avoir un plan de sécurité personnalisé. Des milliers d'autres ont consulté notre page de ressources pour comprendre ce qu'est la maltraitance. Nous avions quelques illustrations à montrer aux personnes dont la langue maternelle n'est pas l'anglais. Comme ça, ces personnes peuvent regarder les illustrations et s'identifier. Oh oui, c'est ce que je vis.
Akilha Downey :
Appeler au téléphone, que l'on aime le COVID ou pas, c'est juste que c'est difficile à faire. D'après ce que j'ai compris, ça peut être vraiment difficile et vous commencez à vous censurer un peu et vous êtes parce que vous le dites à haute voix à quelqu'un, alors que c'est plus facile de le faire par écrit. En réalité, vous pouvez le faire de n'importe où dans le monde. L'outil peut être et a été utilisé par des personnes qui se disent : "Je pense que c'est violent, je pense que c'est abusif. Quelque chose ne va pas ici et je ne me sens pas bien. Mais j'ai besoin d'en savoir plus. J'ai besoin de plus d'informations. J'ai besoin de quelqu'un pour en parler. Et donc c'est vraiment un outil pour cela aussi, ainsi que pour obtenir une aide immédiate pour sortir de là où vous êtes en ce moment.
Abi Ajibolade :
Les chiffres n'ont pas du tout diminué. Il ne fait qu'augmenter chaque jour. Et nous avons de la chance parce que nous sommes un refuge et que nous fonctionnons déjà 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, 365 jours par an, alors notre personnel de nuit s'en occupe et nous sommes capables de le faire fonctionner pendant la nuit. J'espère que cela sauvera des vies, comme les personnes nous l'ont dit, que cela a été le cas.
L’art, la sensibilisation et les outils du changement : Aquarelle sur papier et bande audio d’accompagnement
The Redwood, Evan Tapper, 2023, 110 x 74 cm
Audio
Intervenant 1 :
L’œuvre d’art parle de la COVID et de comment ça a été triste et déprimant pour beaucoup de gens qui perdaient l’espoir au début. Et ça se transforme en une œuvre plus colorée, pleine d’espoir et prometteuse. Nous avons commencé avec quatre sections différentes, et c’était pour commencer avec une zone vraiment noire, blanche et grise.
Encore une fois, les temps vraiment tristes. Et ça s’est lentement transformé en un endroit beaucoup plus lumineux. Mais pendant que nous y travaillions, nous avons fini par laisser tomber les sections et c’est devenu un seul et même tableau. Je me suis concentrée sur la partie où c’était vraiment atténué et délavé, et puis juste à côté...
J’étais donc assise vraiment stressée devant l’ordinateur parce que pendant ce temps nous recevions beaucoup d’informations sur la COVID et sur comment les gens en meurent et comment c’était un virus vraiment dangereux. Et beaucoup de gens étaient vraiment isolés parce qu’ils ne pouvaient pas aller voir leurs amis et leur famille.
C’était une période difficile pour tout le monde. J’ai donc fait ça et j’ai fait en sorte que la personne soit complètement blanche avec des traits noirs. Et je lui ai mis des vêtements très sombres pour qu’ils ressortent plus. Et il y a aussi quelques nuages gris et des numéros de matrices, parce que nous étions tous en ligne.
Tout était en ligne. L’école était en ligne, la pause était en ligne, tout se faisait en ligne. Tout était en ligne. Donc oui, c’était comme représenter le côté technique des choses. Et j’ai dessiné une personne juste à côté, une très grosse personne [rire], sa chemise est découpée pour représenter un cœur et c’est agrafé à la chemise comme collé dessus et tout le reste.
Ça montre à quel point nous étions vulnérables à cette époque. Et comment de simples mots de reconnaissance ont vraiment aidé à rassembler tout le monde.
Je pense que nous avons beaucoup de choses à saisir de l’art. Vraiment prendre le temps de comprendre chaque élément de l’œuvre serait plutôt cool parce que vous pouvez interpréter ça d’une manière totalement différente de celle d’une autre personne qui la regarde et de la manière dont nous voulions que vous l’interprétiez.
Intervenant 2 :
Je pense que c’est comme montrer l’avant et l’après, comme à l’époque du coronavirus, comme lors de la pandémie les gens allaient sur Internet et comment les gens devaient aimer être chez eux et tout n’allait pas très bien. Après la manifestation, comme lors de la pandémie, je pense que tout va mieux et que les gens peuvent se voir à nouveau.
Je pense que c’est ça que l’art représente, c’est comme avant et après la pandémie. Cest de montrer comment ça peut être plus coloré et comment tout peut être mieux. Et j’ai l’impression que pour moi, l’arc-en-ciel est un peu le symbole de l’espoir, je pense que le travail que nous avons fait était vraiment génial. On s’entraide tellement et nous avons eu beaucoup d’idées. Je pense que nous avons utilisé toutes nos idées.
Intervenant 3 :
C’est censé représenter notre parcours à travers la COVID et il y a plusieurs symboles dans l’image qui peuvent en quelque sorte exprimer ça, mais pas vraiment de manière directe. Et c’est aussi un peu sujet à interprétation parce que comme les couleurs, les symboles, il y a tout un tas de choses qui peuvent se rapporter à la façon dont la COVID était au fil des ans.
Intervenant 4 :
Ma partie du dessin signifie pour moi que les choses allaient mal mais que petit à petit les choses ont commencé à s’améliorer et que la vie a commencé à revenir à la normale. Et nous avons recommencé à vivre. C’était un peu effrayant parce que nous ne savions pas ce qui allait se passer. Mais il y a eu de bons côtés également. Nous avons passé beaucoup de temps en famille, mais c’était vraiment ennuyeux. Parfois je me sentais vraiment seule mais les choses se sont améliorées.
Intervenant 5 :
C’était définitivement un changement, un gros changement. Mais c’était quand même supportable. On s’en est sortis et maintenant c’est à peu près normal. Ce n’était pas si pire. Même s’il y a eu quelques embûches et certains jours que des gens étaient très malades et que je commençais à m’inquiéter. On est bien maintenant et c’est presque fini.
Donc je pense que ce n’était pas si mal. La seule chose qui me vient à l’esprit c’est que tout le monde était distant. Mais nous avons trouvé des moyens de contourner ce problème, comme aller en ligne et faire des appels Zoom. Et nous avons aussi commencé à faire des choses en ligne, dont certaines étaient en fait assez amusantes. Même si c’était assez difficile, il fallait essayer de tirer le meilleur parti de tout ça. Rendre les moments difficiles plus faciles en essayant de ne pas trop s’inquiéter du négatif et de regarder les points positifs.
Intervenant 6 :
La seule chose que je voulais, c’était de sortir avec de la nourriture et la seule chose à laquelle je pensais à cette époque c’était de quitter le refuge et le fait que je n’aimais pas y être, et la première nuit, mais après quelques mois quand j'ai rencontré d'autres personnes c’est comme si c’était un nouveau départ et tout le monde était incroyable et vraiment gentil.
Après ça, j’ai pleuré quand j'ai dû quitter le refuge parce que c’était difficile de partir et ils étaient les seules personnes que je connaissais au Canada. Ils sont comme ma famille. Je sens qu'ils sont ma famille.
Intervenant 7 :
C'était vraiment sympa parce que j'ai appris à m’adapter beaucoup plus vite à ma situation. J’ai aussi trouvé qu’avec la COVID en particulier et en étant devant nos écrans 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, j’ai pu découvrir qui j’étais et qu’elles étaient mes valeurs morales et tout le reste, parce qu’avant ça, j’étais vraiment influencé par mes amis, mes camarades de classe et tout le reste. Mais parce que nous avions cette période pour nous, je pouvais devenir moi-même.
Les outils de Madhu
The Redwood, Evan Tapper, 2023, installation mixteImages
Une collection d’une trentaine d’outils à main disposés dans un étui. Les outils comprennent des pinces, des marteaux, des clés, des tournevis, des pinces, une lampe frontale et d’autres articles. Beaucoup ont des poignées de couleur vive et des poignées orange.
Madhu, une femme à la peau olive, sourit dans une cour tout en prononçant un discours. Elle tient trois doigts à notre droite et un téléphone à notre gauche. Derrière elle, on aperçoit de grands papillons métalliques, avec des petits points colorés fixés à un mur enduit de stuc.
Détails de l’œuvre
T Le programme de dotation en CVC (chauffage, ventilation, climatisation) de The Redwood aide les femmes, les personnes transgenres et les personnes non binaires de la violence basée sur le genre à suivre une formation en vue de faire carrière dans l’industrie du CVC. Les participant.e.s obtiennent un permis d’exercice de technicien gazier G3 et G2. The Redwood couvre tous les coûts, tels que les frais de scolarité, les manuels, les outils et les services de garde d’enfants. L’industrie du CVC a connu une poussée de la demande pendant la pandémie, compte tenu de l’importance de la qualité de l’air durant cette crise sanitaire, ce qui a permis aux participant.e.s d’accéder à une indépendance financière à long terme.
Pour en savoir plus sur le parcours de Madhu, visitez le site Web au moyen du code QR.
Learn more about Madhu's journey below.
Transcription française n’est pas encore disponible
Détails d’installation
Ces œuvres ont été créées en collaboration avec les participant.e.s au programme, le personnel et les bénévoles de The Redwood. La vidéo et l’installation révèlent les effets transformateurs de l’application iDetermine, lancée pendant la pandémie lorsque la violence basée sur le genre s’est intensifiée, et du programme de formation en CVC, qui fournit aux femmes les outils dont elles ont besoin pour atteindre l'autosuffisance économique. Le dessin à l’aquarelle a été réalisé par quatre jeunes participant.e.s vivant à The Redwood pendant la pandémie. Écoutez-les partager leurs expériences tout en créant ce projet créatif.
The Redwood, a ouvert ses portes en 1993 et depuis, offre des programmes et des services pour permettre aux femmes et aux enfants de vivre et de s'épanouir sans violence, sans itinérance et sans pauvreté.
À propos de l’artiste
